Voici ma critique du film:
Un "monsieur" qui dépote...
Le film “The Man from Nowhere" réalisé par LEE Jeong-beom (Cruel Winter Blues, The Leave) projeté en avant-Première en France, à de cette occasion, est une oeuvre qui méritait une attention particulière.
Consacré en Corée fort d'un succès de plus de 6 millions d'entrées, on ne sait si la présence de Won-Bin (Taegukgi, Guns and Talks), acteur à succès, déjà à l'affiche du fameux “Mother” sorti l'hiver dernier en France, en est la cause ou l'histoire forte en rebondissement.
Le titre "A man from nowhere" n'est pas la traduction originale du titre coréen qui est "Ajusshi" (voulant dire Monsieur) et on le regrette car, après visionnage, ce dernier est bien plus en adéquation avec la vraie relation entre le héros et la protagoniste (l'impressionnante Kim Se-Ron) qui partage l'écran avec lui.
Le lien "homme-enfant" qui unit les 2 principaux personnages est plus éloquent avec le titre Ajusshi (d'autant que So-Mi appelle le héros ainsi pendant toute l'histoire), qu'un "A man from Nowhere" dépersonnalisant ce rapport si fort qui est, somme toute, la trame principale du film.
Relation qui n'est pas sans rappeler celle du célèbre "Léon" et de la petite Mathilda du film de Luc Besson pour bien de raisons. Notamment l'évolution psychologique du personnage de Cha Tae-sik influencée par l'adorable So-Mi.
Une photographie qui respecte le climat générale du scénario, les tons bleus assument leur fonction "froide" mettant en exergue le côté oppressant du film, le sang sur le visage de Cha Tae-sik laisse peu d'ambiguïté sur le genre cinématographique auquel on a affaire.
En effet, "A man from Nowhere" peut se targuer d'être un film d'action mouvementé (!!!), haletant où la violence étouffe, de façon parfois pesante, le scénario.
Vous me direz que c'est sûrement ce qui fait d'un film d'action un bon film d'action, néanmoins, le scénario aurait grandement gagné en qualité si ces scènes n'avaient pas été si rapprochées. Il faut l'avouer le manque de "ponctuation" altère grandement le rythme général des séquences.
Quoique celles de combat soient amplement justifiées, le spectateur se sent rapidement pris "en otage" dans ce bain de sang constant (119 minutes !) et lutte parfois difficilement pour reprendre son souffle.
Autant que l'hémoglobine coule à flot, rien ne lui est épargné: les corps recousus grossièrement, les conditions insoutenables de maltraitance des enfants (on a même le droit à un cliché peu affriolant d'un colombin visant à préciser l'insalubrité dans laquelle ils sont parqués), les corps troués de toutes parts, les yeux formolés, les haches enfoncées dans les cranes...Bref, le cinéma Gore n'a qu'à bien se tenir avec "A man From Nowhere"!
Côté histoire, le spectateur est entraîné dans les bas-fonds des cartels coréens de la drogue, du trafic d'organes, de la prostitution sous couvert de vengeance.
Le personnage, au début de l'histoire, utilisé à son insu, va redécouvrir un monde tout aussi chaotique qu'à pu l'être son ancienne vie.
On ressent ce "réveil" graduel après de longues années de somnolence: il a rejoint le présent, tel un justicier semblable au chevalier noir de la carte offerte par So-Mi!
Réussira-t-il à la sauver des méchants?
Vous le saurez en allant voir le film!
Concernant la performance des acteurs, on découvre un Won-Bin convaincant dans un rôle à la fois agressif et hyper-actif diamétralement opposé à celui qu'il endossait dans "Mother" de l'excellentissime Bong Joon-ho.
Sa prestation, jusqu'aux expressions subtilement travaillées, est mise en valeur dans de nombreux plans rapprochés du film.
Nul doute que l'acteur a été soumis à une préparation "musclée" pour ce rôle qui devait nécessiter d'une forme athlétique indéniable pour atteindre des objectifs aussi convaincants à l'écran.
La petite anecdote c'est, qu'initialement, le rôle avait été imaginé pour un sexagénaire puis, plus tard, pour un quadragénaire!
Comme Won-Bin (après avoir lu le scénario) a vivement exprimé son désir d'entrer dans la peau de Cha Tae-sik, le rôle a, finalement, été adapté pour lui.
Comment passer à côté du jeu de la fascinante Kim Se-Ron qui endosse, avec plus que ce qu'un réalisateur peut attendre d'une petite fille, le rôle de Su-Mi?
Bénéficiant de moins d'apparitions que Wo-Bin à l'écran, elle offre une prestation empreinte de vérité, riche en émotions, éloignée des clichés habituels des rôles de petites filles. Ce rôle est un "vrai" rôle d'interprétation qui n'admet aucune erreur d'autant que la grande part de l'émotion du film lui incombe.
Après une prestation bluffante dans une vie toute neuve (de la réalisatrice Ounie Lecomte), Kim Se-Ron revient plus convaincante que jamais.
Inutile d'être devin pour prédire une fructueuse carrière à cet étonnant petit bout de femme.
De l'action, de l'hémoglobine, de l'émotion, ce qui est sur c'est que vous en aurez pour votre argent avec "A Man From Nowhere"!
J'espère que vous avez aimé ma critique, sinon n'hesitez pas à "critiquer"